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BRAV - DIARY OF SOUS FRANCE LE 18.06.2012
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 21 fevrier 1965

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El AfRiTe

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21 fevrier 1965 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Fév - 23:32

Sauvé



Comment décrire ma réaction à ce langage ? Etaient comme anéantis, d’un seul coup, tous les instincts du ghetto, de la jungle, tous les instincts de renard, de loup, de criminel, tout ce qui en moi avait rejeté un quelconque enseignement. C’était comme si j’avais laisse cette vie derrière moi une fois pour toutes sans qu’il en restât la moindre trace. […]

Hilda me demanda si j’avais envie de savoir comment l’homme blanc était apparu sur la planète. Comme toutes les religions, celle d’Elijah Muhammad avait sa part de démonologie.
- Au commencement la lune avait été séparée de la terre. Ensuite les premiers hommes, les hommes noirs, fondèrent la ville sainte de la Mecque. Parmi ces noirs se trouvaient 24 sages, hommes de science. Parce qu’ils ne s’entendaient pas avec les autres, ils se regroupèrent en une tribu, la puissante tribu des Shabazz, ancêtres des noirs américains.

Il y a environ 6 600 ans, soixante-dix pourcent des gens étaient contents, et trente pourcent mécontents. Parmi les mécontents il y avait un certain « Monsieur Yacub ». Il était né pour semer la discorde et pour tuer. Sa tête était exceptionnellement grosse. Il entra à l’école des l’age de 6 ans. A dix-huit ans il avait fait des études dans toutes les universités du pays. On l’appelait « le savant à la grosse tête ». Il avait appris, entre autres, à élever de nouvelles races par des méthodes scientifiques.

Ce savant a la grosse tête, M. Yacub, prêchait dans les rues de la Mecque. Il fit tant d’adeptes que les autorités, alarmées, l’exilèrent avec ses 59 999 disciples, dans l’île de Patmos, ou, selon la bible, Jean reçut les révélations des évangiles.
Amer, quoiqu’il fut noir, et furieux contre Allah, M. Yacub résolut de se venger en créant une race diabolique, une race décolorée, blanche. M. Yacub avait appris au cours de ses études que le noir contenait deux germes, un noir et un brun. Il savait que le germe brun demeurait à l’état latent car, étant le plus clair des deux, il était aussi le plus faible. M. Yacub voulut enfreindre les lois de la nature ; il eut l’idée d’utiliser ce que nous appelons aujourd’hui la structure des gènes récessifs pour séparer les deux germes, noir et brun. Cela fait, il devait greffer le germe brun à d’autres germes bruns pour qu’apparaisse une progéniture toujours plus claire, plus faible, plus apte à faire le mal. C’est ainsi qu’il devait créer la race blanche.

Il savait qu’il n’obtiendrait ce résultat que progressivement, en plusieurs stades, allant du noir au blanc. M. Yacub commença en décrétant, pour l’île de Patmos, une loi eugenesique.

Parmi les 59 999 disciples de M. Yacub, un nouveau-né sur trois devait recevoir quelque élément de brun. Ces enfants deviendraient adultes. Seuls pourraient se marier alors les bruns avec les bruns, ou les bruns avec les noirs. Certains enfants de ces enfants seraient noirs. Ceux-la seraient en vertu de la loi de M. Yacub, éliminés. L’infirmière ou l’accoucheuse qui assistait à la naissance devait introduire une aiguille dans le crâne du nourrisson, et donner son corps aux incinérateurs. On devait dire à la mère qu’il s’agissait d’un « bébé ange » qui la précédait au paradis pour y préparer une place pour elle. Si l’enfant était brun, on disait à la mère de prendre bien soin de lui.

M. Yacub forma des assistants qui devaient lui succéder. Quand il mourut à Patmos à l’age de cent cinquante-deux ans, il laissa derrière lui des lois à l’intention de ses disciples. Selon M. Elijah Muhammad, M. Yacub ne vit jamais, sinon dans son imagination, la race décolorée et diabolique, l’aboutissement du long processus de sélection qu’il avait agence.

Il fallut deux cent ans pour éliminer de Patmos tous les noirs. Seuls les bruns demeurèrent. Deux cent ans plus tard, les peaux-rouges apparurent à Patmos., et les bruns furent éliminés. Dans les deux siècles qui suivirent, ce fut le tour de la race jaune et les peaux-rouges disparurent. Encore deux cent ans et ce furent enfin les blancs.

Il ne restait plus sur l’île de Patmos que des blonds au teint pale, aux yeux bleus et froids, sauvages, nus et sans pudeur, des animaux poilus qui se déplaçaient a quatre pattes et vivaient dans les arbres. Au bout de six siècles cette race quitta l’île et rejoignit les Noirs sur le continent.
En racontant des mensonges, en dressant les Noirs les uns contre les autres, la race diabolique transforma en six mois leur paradis terrestre en un enfer. Désormais les noirs se querellèrent et se combattirent entre eux.

Mais ils finirent par s’apercevoir que toutes leurs difficultés venaient des diables blancs de M. Yacub. Alors les noirs rassemblèrent les blancs, les enchaînèrent et les expédièrent, vêtus de petits tabliers ou de cache-sexe, à travers le désert d’Arabie jusque dans les grottes d’Europe.
La peau de mouton et l’étoupe qu’utilisent aujourd’hui les francs-maçons seraient les symboles de ces tabliers qu’adoptèrent les hommes blancs pour traverser les sables brûlants.
M. Elijah Muhammad dit encore que le blanc vécut longtemps à l’état sauvage dans les cavernes d’Europe. Les animaux tentèrent de l’exterminer. Il grimpa sur les arbres qui entouraient son abri, et confectionna des gourdins pour protéger sa famille contre les bêtes sauvages.
Quand les diables blancs eurent passe deux milles ans dans les cavernes, Allah envoya Moise les en sortir et les civiliser. Il était écrit que le diable blanc régnerait sur la terre pendant six mille ans.
Les premiers disciples de Moise s’appelaient les juifs. Selon « l’histoire de Yacub », le serpent dont parle l’ancien testament lorsqu’il dit « Moise fit émerger le serpent de la jungle », est le symbole du diable blanc que Moise fit sortir des cavernes d’Europe et a qui il apporta la civilisation.
Il était écrit que, de la race noire des premiers hommes surgirait au bout de 6 000 ans une race infiniment sage, savante et puissante.
Il était écrit que certains membres de la race noire, la première, devaient être transplantés en Amérique ou ils devaient être des esclaves afin de mieux connaître la nature diabolique de l’homme blanc.


Ayant terminé l’histoire de Yacub, Hilda s’en alla. Je ne sais pas si je trouvai les mots pour lui dire adieu.
Je devais apprendre par la suite que les contes d’Elijah Muhammad, l’histoire de Yacub par exemple, exaspéraient les musulmans orientaux. Je leur rappelai, quand je fis leur connaissance à la Mecque, que c’était de leur faute, car ils n’avaient pas suffisamment fait connaître le véritable Islam en Occident. Leur carence avait laisse un vide que pouvait combler n’importe quel charlatan pour induire notre peuple en erreur.

J’écrivis à Elijah Muhammad. Il habitait alors à Chicago. J’ai du réécrire vingt-cinq fois cette première lettre d’une page. Je voulais qu’elle soit lisible et compréhensible. Mais je n’arrivai pas à déchiffrer ma propre écriture ! Mon orthographe, ma grammaire étaient encore bien pires. Du mieux que je pouvais, j’exposai à Elijah Muhammad que mes frères et sœurs m’avaient parle de lui, et je m’excusai de ma propre lettre.
M. Muhammad me répondit par une lettre dactylographiée. La signature du « Messager d’Allah » m’électrifia.


a suivre...
(Ps: un autre illuminé ce elijah muhammad)
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Amine Oldtimer

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 2:08

Merci encore El Afrite, beau boulot, et merci à celui qui a tout retrascrit, ce topic va devenir mythique Very Happy
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 14:40

Amine a écrit:
Merci encore El Afrite, beau boulot, et merci à celui qui a tout retrascrit, ce topic va devenir mythique Very Happy

salam

barrak'allah ou fik amine

tout le merite revien au Frere Jabar ....
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Fév - 14:46

La rencontre avec E. Muhammad.



21 fevrier 1965 - Page 2 I17733_Honelijahmuhammad


[…]Quant a moi, mes lectures m’incitaient à dire à l’homme blanc ce qu’il était vraiment. Je m’inscrivis donc aux débats hebdomadaires du pénitencier.

Prendre la parole en public ! Ce fut la pour moi une découverte aussi extraordinaire que celle des livres. Etre la, debout face à mes auditeurs, les choses que je pensais, exprimées par ma bouche pendant que je cherchais d’autres mots pour formuler la phrase suivante, convaincu qu’en sachant m’y prendre, je pourrais rallier mes auditeurs à mes idées.[…]

Au printemps 1952 j’écrivis joyeusement à Elijah Muhammad et aux membres de ma famille que la commission de mise en liberté conditionnelle s’était prononcée en ma faveur. Mais je devais rester quelques mois encore à Charleston, pendant que l’administration entérinait cette décision avec toute la lenteur voulue. J’allais être mis sous la tutelle de mon frère aine Wilfred, qui gérait maintenant un commerce de meubles, à Detroit. De son patron, un Juif, Wilfred obtint pour moi une garantie d’emploi immédiat.

Hilda estimait que, si je croyais avoir assimilé les doctrines de M. Muhammad, j’avais encore beaucoup à apprendre. A son avis, je devais aller a Detroit et devenir membre pratiquant d’un temple.[…] Je me rendis à Detroit en car. Le commerce de meubles que gérait Wilfred était situé en plein centre du ghetto noir. Les juifs propriétaires de ce commerce m’embauchèrent aussitôt comme vendeur.[…]

« Rien au comptant » : Cette publicité attirait les pauvres noirs comme l’attrape-mouche attire les mouches. C’était une honte. Parce que les juifs leur faisaient crédit les Noirs payaient 3 ou 4 fois le prix réel des meubles. La camelote habituelle, bon marche, de mauvais goût, qu’on trouve aujourd’hui encore dans tous les ghettos. Des couvre-lits, des tapis « imitation peau de léopard », ou « peau de tigre ». Des mains malhabiles, durcies au travail, calleuses, grattaient le papier, griffonnaient des signatures « approuvant » les conditions de ces bandits de grand chemin, les taux d’intérêt exorbitants dont le montant était précisé en tout petits caractères que personne ne lisait.[…]

Wilfred m’invita à vivre chez lui, dans sa famille. J’acceptai avec joie. La chaleur d’un foyer, d’une famille, me remirent peu à peu de mes souvenirs de cage. Au surplus l’atmosphère d’un foyer musulman est particulièrement émouvante. Je me jetai à genoux pour louer Allah. On n’apprécie la vie quotidienne d’une famille musulmane, qu’en la partageant. Wilfred m’expliqua patiemment, doucement, chaque geste, le sens de chacun d’eux.[…]

Les mercredis, vendredis et dimanches il y avait réunion au temple numéro un de Detroit. Nous n’y étions pas très nombreux. Près du temple il y avait trois abattoirs. Les cris aigus des porcs qu’on égorgeait ponctuaient nos réunions du mercredi et du vendredi.

Et ces noirs avaient appris à être fiers être noirs, ils avaient appris à aimer les autres noirs au lieu d’en être jaloux, de s’en méfier. Je trouvais merveilleuse cette coutume que nous avions de serrer les deux mains de nos frères noirs, de leur exprimer, par le sourire et par le son de notre voix, combien nous étions heureux de les revoir.[…]

Lemuel Hassan nous expliquait pendant plus d’une heure les doctrines d’Elijah Muhammad. J’étais suspendu à ses lèvres. Il illustrait souvent sa pensée en inscrivant à la craie sur le tableau les mots ou les phrases-clés.
Notre temple avait encore quelques places vides, ce que je trouvais scandaleux. Je m’en plaignais à Wilfred. Il n’aurait pas du y avoir de places vides, alors que les rues alentour regorgeaient de frères et de sœurs noirs, tous victimes du bourrage de crânes et qui tous buvaient, juraient, se querellaient, faisaient la noce, se droguaient – autant de vices qui, selon M. Muhammad, permettaient au Blanc de maintenir le Noir sous sa férule.[…]
Wilfred me conseillait de prendre patience. Je m’inclinai, d’autant plus qu’Elijah Muhammad, l’homme qu’on appelait « Le Messager » devait bientôt se trouver parmi nous, et j’allais peut être même faire sa connaissance.

Il m’arrive souvent maintenant, de rencontrer des personnalités mondiales, dont quelques chefs d’état. Mais j’attendais cette fête du Travail 1952 avec une impatience inégalée depuis. Les musulmans du Temple Numéro Un de Detroit devaient se rendre, ce jour-la, en caravane (une dizaine d’automobiles je crois) à Chicago, au Temple Numéro Deux, pour y entendre Elijah Muhammad.[…]

Je n’étais préparé en rien au choc que me causa la présence physique d’Elijah Muhammad. Du fond du Temple Numéro Deux il s’approcha de la tribune. Il regardait droit devant lui. Son doux visage brun était délicat, sensible. Je l’avais tant étudié sur les photos que j’en rêvais la nuit.







Le Messager était flanqué de gardes qu’on appelait les Fruits de l’Islam. A coté d’eux il semblait presque frêle, minuscule. Elijah Muhammad et les Fruits de l’Islam étaient vêtus de costumes sombres, de chemises blanches, de nœuds papillon. Le messager portait un fez brodé d’or.[…] Quand il commençait à parler, je me penchais en avant sur mon siège, buvant ses paroles.[…] Elijah Muhammad reprit haleine, puis il prononça mon nom. Ce fut comme si un courant électrique m’avait traversé. Sans me regarder il me demanda de me lever. Il exposa aux fidèles que je sortais tout juste de prison : que j’avais été « fort » en prison.

-Tous les jours, dit-il, pendant des années, le frère Malcolm m’a écrit une lettre de sa prison. Et je lui ai répondu le plus souvent que j’ai pu.

Je sentis alors les yeux sur moi de deux cent musulmans, pendant que Elijah Muhammad poursuivait. C’était une parabole qu’il racontait. Un jour Dieu était vanté de la fidélité de Job. Le diable déclara que sans la fait dont Dieu entourait Job, celui-ci lui eut été infidèle. « Enlève cette haie protectrice, dit le diable a Dieu, et je ferais en sorte que Job te maudisse. »
Le diable pouvait prétendre que, derrière la haie de la prison, j’avais, moi, Malcolm, seulement utilisé l’Islam, continua M. Muhammad. Le diable pouvait prétendre que, libéré, je recommencerais à boire, à fumer, à me droguer, à commettre des crimes.

-Eh bien ! Il n’y a plus de haie autour de notre excellent frère Malcolm. Nous allons donc voir ce qu’il va faire. Je crois qu’il va nous rester fidèle.[…]

C’est à cette époque qu’on m’accorda mon « X ». Le « X » du musulman représente son véritable nom de famille africain, celui qu’il ne peut pas connaître, le « X » remplaçait le nom de Little qu’avait imposé à mes ancêtres quelque diable blanc aux yeux bleus nommé Little. Désormais je serais connu dans la Nation de l’Islam sous le nom de Malcolm X.

[…] M. Muhammad qui nous invitait souvent à sa table, nous disait maintenant qu’il lui fallait surtout des jeunes hommes aptes au travail et prêts à prendre des responsabilités. Il avait besoin de pasteurs pour mieux propager les doctrines musulmanes, et ouvrir de nouveaux temples.

Il ne m’était absolument jamais venu à l’esprit que je pourrais moi-même être pasteur.

a suivre !
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 14:33

Propagation du message

A la suggestion de M. Muhammad, ou peut être de Lemuel Hassan, je pris la parole un jour au Temple Numéro Un. Je me souviens avoir témoigné de la métamorphose en moi par les doctrines de M. Muhammad.[…] Au cours de l’été 1953 – Allah seul soit loué ! – je fus nommé assistant pasteur du Temple Numéro un de Detroit. Tous les soirs, le travail fini, j’allais « a la pêche » dans le ghetto noir. Je regardais mes frères et mes sœurs noirs victimes du lavage de cerveau du diable blanc. Je voyais les cheveux défrisés, comme l’avaient été les miens, cuits à la soude caustique jusqu’a ce qu’ils pendent raides comme des tifs d’homme blanc.[…] J’attendais avec impatience ma prochaine conférence au temple.


Un jour le contremaître de l’usine de bois me demande. Il avait l’air inquiet. Il dit qu’il y avait quelqu’un au bureau qui voulait me voir.

-F.B.I, déclara le blanc. Et il ouvrit d’un tour de main (ils font ça pour vous faire peur) son porte-documents pour me montrer sa carte. Il m’ordonna de le suivre. Sans dire pourquoi.

J’obtempérai. A son bureau on me demanda pourquoi je ne m’étais pas inscrit pour le service militaire (c’était à l’époque de la guerre de Corée).

-Je venais de sortir de prison, répondis-je. Je ne savais pas que vous acceptiez les anciens détenus.

Ils me crurent. Ils me posèrent beaucoup de questions. Heureusement qu’ils ne m’ont pas demandé si j’avais envie d’endosser l’uniforme de l’homme blanc. Parce que j’aurais dit non. Ils m’informèrent qu’ils n’allaient pas m’envoyer en prison pour défaut d’inscription, qu’ils allaient, au contraire, me donner ma chance, mais que je devais m’inscrire sur le champ.

Ce que je fis. Ils me remirent un formulaire à remplir. J’écrivis dans les blancs appropriés que étais musulman et objecteur de conscience.
Je rendis le formulaire à un diable blanc d’un certain age, qui avait l’air de s’ennuyer ; il lut mes coordonnées et leva les yeux. Puis il sortit, sans doute pour consulter quelqu’un d’autre. Peu après il me fit signe de passer dans la pièce d’à coté.

Ils étaient trois dans l‘autre bureau, je crois, trois vieux diables derrière leurs tables. Ils portaient tous sur le visage l’expression réservée aux « nègres qui cassent les pieds ». Moi, je faisais la tête que je réservais aux « diables blancs » et les regardais droit dans les yeux. Ils me demandèrent en quoi étais fondé à me qualifier de musulman. Je leur expliquai que le messager d’Allah était M. Muhammad et que tous les disciples de M. Muhammad en Amérique étaient musulmans.

Ils me demandèrent si je savais ce qu’était un « objecteur de conscience ». J’expliquais que ma conscience m’interdisait de m’en aller Dieu sait ou sur un ordre de l’homme blanc, de me battre et peut être de mourir afin de préserver l’American way of life et par conséquent l’injustice dont étaient victimes les Noirs aux Etats-Unis.
On me répondit que je serais « avisé » du sort fait à mon dossier. On m’envoya en effet une carte. Puis je n’eus plu de leurs nouvelles pendant sept ans.[…]

Un mois plus tard, à cause des succès que j’avais remporté à Boston et à Philadelphie, M. Muhammad me nomma pasteur du Temple Numéro Sept, à New York. Je ne saurais vous dire quelles émotions l’emportaient dans mon cœur. Si les doctrines de M. Muhammad devaient mener les Noirs américains à la résurrection, il fallait que l’Islam se répande. Or le potentiel musulman était, à New York, bien plus important que partout ailleurs en Amérique

Mais le Temple Numéro Sept était, en juin 1954, qu’un petit commerce transformé en mosquée. Tous les musulmans de New York n’auraient pas pu remplir un autobus.[…]

Je commençai ma propagande devant les musulmans new-yorkais et les quelques amis qui les accompagnaient. Mon malaise allait grandissant. Je pensais à Harlem qui regorgeait de pauvres Noirs ignorants, souffrant de tous les maux que l’Islam seul pouvait guérir. Et chaque fois que je prenais la parole, que je mettais mon cœur à nu dans mes paroles, que je demandais à ceux qui voulaient suivre M. Muhammad de se lever, deux ou trois seulement de mes auditeurs se mettaient debout. Et je dois dire, pour être franc, que parfois ils n’atteignaient même pas ce nombre.[…]


Je tournai d’abord la difficulté en faisant circuler des brochures. Mes 5 ou 6 frères musulmans et moi, nous avons sillonné tous les coins de rues fréquentées de Harlem, ou presque.[…] Sur le trottoir, nous « pêchions » vite, frénétiquement même, les fidèles qui sortaient des petites églises évangélistes de trente à cinquante membres. « Venez nous entendre, mon frère, ma sœur ! Vous ne savez rien si vous ignorez encore la doctrine de l’honorable Elijah Muhammad ».

[Photo du temple numéro 7]
21 fevrier 1965 - Page 2 I18159_templen7


Le Temple Numéro Sept attirait petit à petit de nouveaux fidèles Mais pour moi ils n’étaient jamais assez nombreux. […] Le jeudi est traditionnellement le jour de congé des gens de maison. Cette sœur avait réuni chez elle une quinzaine de femmes de chambre, cuisinières, chauffeurs et autres qui travaillaient pour les Blancs de Hartford. Vous connaissez le proverbe : « Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre. » Eh bien ! Ces Noirs qui obéissaient aux ordres des richards blancs, ouvraient les yeux plus vite que d’autres. Ils allèrent eux même « à la pêche », recrutèrent d’autres gens de maison, d’autres noirs de Hartford. Bientôt M. Muhammad put donner au Temple de Hartford le Numéro 14. Et j’y prêchais tous les jeudis.[…]

Les musulmans disciples de M. Muhammad ne devaient ni danser, ni jouer pour de l’argent, ni sortir avec des membres du sexe oppose, ni aller au cinéma, ni assister à une manifestation sportives, ni prendre de longues vacances. Les musulmans n’avaient droit qu’au minimum de sommeil. Les disputes étaient interdites dans les familles, ainsi que la grossièreté, surtout envers les femmes. Il ne fallait pas mentir ou voler. Il était interdit de s’insurger contre les autorités civiles, sauf pour des raisons d’ordre religieux.

Les fruits de l’Islam – Musulmans capables, dévoués, ayant bénéficié d’une formation spéciale – veillaient à l’application de nos lois. Les infractions étaient punies : M. Muhammad isolait ou suspendait leurs auteurs pendant un certain temps. L’exclusion sanctionnait les offenses graves.
21 fevrier 1965 - Page 2 I18160_thefruitofislam
[…]

Je n’avais pas pensé aux femmes depuis dix ans, et j’y pensais encore moins maintenant que j’étais pasteur. M. Muhammad me conseillait de rester célibataire.
Les sœurs du Temple Numéro Sept disaient aux frères : « Vous restez célibataires parce que le frère pasteur Malcolm X ne regarde jamais une femme. »

Je remarquai l’une d’elles, sans plus.
a suivre !
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 16:37

salam alaikoum

qlq veut la suite ,,??
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 16:39

Je n'ai pas encore lut tout ce que tu avais écrit donc perso pour l'instant ça ira mais après, peut-être que certains n'ont pas tout lut. En tout cas merci pour la bio!
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 16:40

oui ! moi jveux bien
j'ai pas encore finit de tout lire mais ajoute pour ceux qui ont finit et qui ne sont pas là
et merci El AfRiTe pour le topic !!!
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 17:39

Trop puissant ce livre !

J'aurais été curieux de voir l'évolution de Malcolm, alors qu'il changeait sa vision du monde, et de l'homme blanc, au moment de son assassinat !

Muhammad Ali aurait-il renoué des liens avec Malcolm ? Bien que cela soit hypothétique, on aurait pu voir le couple le plus puissant de l'humanité lutter. Qui pour continuer l'immense combat aujourd'hui ?
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 18:31

oui moi je veux bien la suite El Afrite stp j'ai suivi depuis le début et je te remerci pour le topic vraiment excellent!
et merci aussi a celui qu'il l'a retranscrit!
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Mar - 20:30

Vas-y El Afrite, donne nous de la lécture mon frère!
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Mar - 22:53

salam alaikoum
pas de souci je vais mettre la suite inch'allah

Sotomayor01 a écrit:

Muhammad Ali aurait-il renoué des liens avec Malcolm ? Bien que cela soit hypothétique, on aurait pu voir le couple le plus puissant de l'humanité lutter. Qui pour continuer l'immense combat aujourd'hui ?

sotomayor je suis en train de lire le livre de Muhammad Ali sorti en 1976 et j'ai pas vu de passage ou il parle de la mort de malcolm x pour l'instant je trouve ca bizarre d'autant qu'ils etaient tres tres liés avant que malcolm quitte la nation , mais je crois que elijah muhammad y est un peu pour qlq chose ...Ali l'ecoutait a la lettre
un vrai manipulateur ce elijah
21 fevrier 1965 - Page 2 I20899_13989maloclmXaliphoto
ensuite Ali a sorti un autre livre "vole comme un papillon" beaucoup plus tard je sais pas si il parle de lui et de malcolm dedans si qlq l'aurait lu ??

mouhim je continue de poser les textes
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Sotomayor01

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Mar - 23:19

J'ai aussi lu le dernier livre de Ali, l'ame du papillon, écrit avec sa fille, et Muhammad explique que sa séparation d'avec Malcolm reste comme l'un des plus grands, voir le plus grand, regret de sa vie.

Il se rend compte maintenant de la valeur cet homme (je retranscris la teneur de mémoire, il ne faut donc pas y voir un résumé exact !).

D'autant plus de regrets à nourrir !
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Mar - 23:26

maaaiiis !?
c'est will smith et denzel washington
lol
je rigole
je respecte ces 2 icones de l'humanité
ils aurait pu faire avancer notre monde
s'il etait encore vivant malik el-shabazz
et muhammad pas autant malade (le pauvre)
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Mar - 0:16

salam alaikoum


Betty

Et il en fut ainsi pendant un an. Elle ne m’intéressait pas le moins du monde. Elle-même devait croire que j’ignorais jusqu'à son nom. Elle s’appelait sœur Betty X. Elle était grande, brune, plus sombre de peau que moi. Elle avait les yeux bruns.
Je savais qu’elle était née à Detroit, qu’elle avait fait des études à l’université noire Tuskegee, en Alabama. Elle suivait des cours d’infirmière dans un grand hôpital de New York. Elle donnait des cours d’hygiène et de santé aux sections féminines.

Il faut vous dire que tous les soirs de la semaine il se passe quelque chose dans nos temples. Le lundi, c’est la formation des Fruits de l’Islam.[…] Le jeudi soir est réservé aux sections féminines et au cours de civilisation générale. La les femmes et les jeunes filles musulmanes apprennent à être de bonnes ménagères, à élever leurs enfants, à bien s’occuper de leur mari, à faire la cuisine, coudre, bien se tenir dans leur pays et à l’étranger.

Le jeudi soir, jour des sections féminines, il m’arrivait de faire un saut dans les classes, parfois celle de Sœur Betty X, tout comme il m’arrivait de passer dans les classes masculines les autres soirs. Au début je me contentai de lui demander comment allait son cours. Elle répondait : « Tout va très bien, frère pasteur. » Et je répondais : « Tant mieux, merci, sœur Betty ». Comme ça. Et c’était tout. Au bout de quelque temps, je restai quelques instants – pas davantage – à discuter avec elle, histoire d’être poli.

Un jour il me vint à l’esprit que je rendrais service aux sections féminines en emmenant Betty, qui était monitrice, au Musée d’histoire naturelle. Je voulais lui montrer l’exposition sur l’arbre généalogique de l’homme. Je lui démontrerais la justesse des vues de M. Muhammad […] En visitant le musée, je lui posai, sans avoir l’air d’y attacher d’importance, toutes sortes de questions. Je voulais me faire une idée de sa façon de penser. Peu après, une autre sœur me confia que la sœur Betty X avait des ennuis. Je m’étonnai qu’elle ne m’en eut pas parlé elle-même. Tous les pasteurs musulmans connaissent les difficultés qu’ont les jeunes fidèles avec leurs parents qui leur font la vie dure parce qu’ils sont musulmans. La sœur Betty X avait des parents adoptifs qui prenaient à leur charge ses études. Apprenant qu’elle était musulmane, ils lui avaient enjoint de choisir entre l’islam et ses études. C’était vers la fin de l’année scolaire, mais elle tenait bon. Elle gardait des enfants le soir.

Je remâchai tous ces faits dans ma tête. Dans ma situation, la moindre de mes décisions aurait des conséquences sur la Nation dans son ensemble. Qu’arriverait-il si je devais un jour, envisager de me marier ? Avec la sœur Betty X, ou avec une autre. La sœur Betty X, je l’ai dit, était grande, sa taille correspondait à la mienne, son age aussi. […]
Quand je me rendis compte du tour que prenaient mes pensées, j’en fus tellement scandalisé que je décidai de ne plus approcher la sœur Betty X. Quand j’entrais dans notre restaurant et que je l’y trouvais, je m’éclipsais. Heureusement, pensais-je, qu’elle ne sait pas ce qui se passe dans ma tête.

Je dis à M. Muhammad, quand je lui rendis visite à Chicago, que je songeais à prendre une grave décision. Il sourit. Je précisai que je n’en n’étais qu’au stade des projets. M. Muhammad dit qu’il aimerait faire la connaissance de sœur Betty X.
La nation était maintenant assez riche pour pouvoir envoyer les monitrices des différents temples à Chicago ou elles pourraient assister aux cours du Temple Numéro Deux, quartier général de la Nation, et rencontrer l’honorable Elijah Muhammad lui-même. La sœur Betty X le savait. Aussi n’avait-elle aucune raison de penser que son voyage à Chicago avait d’autres raisons. Et comme toutes les sœurs monitrices de passage à Chicago, elle était l’invitée du Messager et de sa sœur Clara Muhammad. Elle habita donc chez eux. M. Muhammad me dit qu’il pensait beaucoup de bien de la sœur Betty X.

J’arrivais à Detroit vers dix heures du matin. Pendant qu’on me faisait le plein d’essence, je décrochai le téléphone public de la station-service et appelai Sœur Betty X. Il fallut demander les renseignements pour avoir le numéro de l’internat des infirmières de l’hôpital de Betty. J’apprenais par cœur la plupart des numéros mais j’avais toujours fait exprès d’oublier le sien. Quelqu’un finit par me l’amener au bout du fil. « Allo frère pasteur », dit-elle, mais je l’interrompis : « Dites, est-ce que vous voulez vous marier ? »

Elle dit oui comme je m’y attendais. Je n’avais pas beaucoup de temps lui dis-je, elle ferait donc bien de prendre l’avion pour Detroit. Elle prit donc le premier vol et je fis la connaissance de ses parents adoptifs qui habitaient Detroit. Entre temps Betty s’était réconciliée avec eux.
Tôt le lendemain matin, nous partîmes, Betty et moi, pour l’Indiana ou l’on pouvait se marier vite et sans histoires. La nouvelle de notre mariage confondit tous les fidèles du Temple Numéro Sept. Quelques jeunes frères me jetèrent des regards lourds de reproche. Ils avaient l’impression que je les avais trahis. Mais tous les autres souriaient à pleines dents. Les sœurs se jetèrent sur Betty comme pour la manger : « Tu l’as eu ! » s’exclama l’une d’elles.

Nous avons vécu deux ans et demi dans le Queens. Attilah, notre fille aînée, naquit en novembre 1958. Nous l’avons nommée d’après Attila le Hun, qui pilla Rome. Peu après sa naissance, nous nous sommes installés dans la maison ou nous habitons aujourd’hui, dans le quartier noir de Queens.

A noël 1960 naquit une autre fille, Kubilah (en l’honneur de Kubla Khan). Puis ce fut Ilyasah (« Ilyas » en arabe signifie « Elijah ») en juillet 1962. Notre quatrième fille, Amilah, est née en 1964.

21 fevrier 1965 - Page 2 I20971_Malcolmbatch4b




Betty me comprend. Je dirais même que je ne connais guère d’autres femmes qui supporteraient un homme comme moi. Betty sait que réveiller le Noir au crâne bourré, et dire ses quatre vérités au diable Blanc, c’est du travail à plein temps. Quand j’ai du travail à faire à la maison, Betty s’arrange pour que j’y sois tranquille, quoique je sois rarement auprès d’elle. Je ne reste jamais plus de trois ou quatre jours à la maison. J’ai été absent jusqu'à cinq mois. Je n’ai guère l’occasion de la sortir, et je sais bien qu’elle se plait en compagnie de son mari. Elle a l’habitude de m’entendre de très loin : je lui téléphone de Boston, de San Francisco, de Miami, de Seattle. Je lui télégraphie du Caire, d’Accra ou de la ville sainte de la Mecque. Un jour Betty me dit, au téléphone, ce qu’elle en pensait : « Tu es présent même en ton absence », déclara-t-elle.

A la fin de cette année-la, celle de notre mariage, je me suis surmené, voulant être partout à la fois, voulant agrandir la Nation de l’Islam. Invité à prendre la parole au Temple de Boston, je terminai comme toujours, avec les mots : « Qui d’entre vous voudrait suivre l’Honorable Elijah Muhammad ? » Et je vis alors à ma grande stupéfaction, Ella se lever avec les autres ! Nous disions toujours que les meilleurs musulmans sont ceux qui résistent le plus longtemps. Elle avait mis cinq ans à se convertir.

Je vous ai déjà dit que dans une grande ville une organisation d’une certaine importance peut rester inconnue du public, à moins qu’un évènement quelconque ne vienne frapper l’opinion. Mais personne dans la Nation de l’Islam, n’avait la moindre prémonition de ce qui devait arriver un soir à Harlem.
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Mar - 0:22

L’étincelle

Des noirs se bagarraient dans la rue, d’autres les regardaient. Deux policiers blancs ordonnèrent aux badauds de circuler. Il se trouva que deux d’entre eux étaient des musulmans : Le frère Johnson Hinton et un autre frère du Temple Numéro Sept. Ils n’obtempérèrent pas assez vite au gré des flics blancs, qui matraquèrent le frère Hinton. Il eut le crâne fendu. Une voiture de police l’emmena au commissariat.

Le deuxième frère téléphona à notre restaurant. Quelques coups de téléphone plus tard, une cinquantaine de Fruits de l’Islam formaient leurs rangs devant le commissariat. D’autres noirs, des curieux, vinrent voir ce qui se passait. Autour des Fruits de l’Islam, l’effervescence grandissait. Les policiers du commissariat regardaient par les fenêtres et par la porte d’entrée. Ils n’en croyaient pas leurs yeux. J’entrai au commissariat. En tant que pasteur du Temple Numéro Sept, je demandai à voir notre frère. On me répondit tout d’abord qu’il n’était pas la. Puis on reconnut le contraire mais je ne fus pas autorise à le voir. Je rétorquai que les musulmans resteraient la jusqu'à ce que nous puissions voir Hinton et nous assurer qu’on lui prodiguait tous les soins nécessaires.

Les policiers s’énervèrent. La foule grandissante leur faisait peur. Je dominai mal mon émotion en voyant le frère Hinton. Il etait a moitie inconscient, sa tête, son visage, ses épaules, baignaient dans le sang. Je dis au lieutenant responsable du commissariat qu’il fallait emmener cet homme à l’hôpital. On appela une ambulance. Les musulmans la suivirent jusqu'à l’hôpital de Harlem, c'est-à-dire tout au long de la Lenox Avenue, la grande artère de Harlem. Des Noirs qui n’avaient jamais rien vu de pareil, sortaient des magasins, des restaurants, des bars et se joignaient à la foule derrière nous.

21 fevrier 1965 - Page 2 I20975_087



Les attroupements étaient nombreux, et leur colère grande, devant l’hôpital de Harlem. Les habitants de Harlem en avaient par-dessus la tête de la brutalité de la police. Et ils n’avaient jamais vu une organisation noire prendre une position aussi ferme que la notre ce jour la.


Un grade vint m’ordonner de « disperser tout ce monde ». Je lui répondis que nos frères étaient pacifiques, parfaitement disciplinés, et qu’ils ne faisaient de mal à personne. Le gradé objecta que ceux qui étaient derrière n’étaient pas disciplinés. Je lui répondis poliment que ceux-là ne relevaient pas de ma compétence.
Des médecins vinrent nous assurer que le frère Hinton recevait tous les soins nécessaires. Alors je donnais ordre aux Musulmans de se disperser. Les autres Noirs étaient d’une humeur menaçante ; mais eux aussi finirent par s’en aller. Nous devions apprendre par la suite qu’il avait fallu introduire une plaque d’acier dans le crâne du Frère Hinton. A la suite de cette opération, la Nation de l’Islam l’aida à porter plainte contre la police. Le jury accorda au Frère Hinton plus de 70 000 dollars de dommages et intérêts. Jamais la ville de New York n’avait déboursé une telle somme pour dédommager une victime de la brutalité policière.


Pour les millions de lecteurs des journaux new-yorkais du centre, ce n’était, à l’époque, qu’un des nombreux incidents qui jalonnaient l’histoire des « troubles raciaux à Harlem ». L’affaire ne fit pas grand bruit. Mais il est certain que la police étudia attentivement et avec un regard neuf, les dossiers qu’elle avait réunis sur la Nation Of Islam. Plus important encore, l’incident fit la une de l’Amsterdam News, journal de Harlem, le ghetto noir le plus peuplé du monde. Et pour la première fois l’homme, la femme et l’enfant noirs se mirent à parler des musulmans.

21 fevrier 1965 - Page 2 I20977_xstreet


...............................................................................> a suivre
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Mar - 0:35

accrochez vous le meilleure arrive ...

son depart de la nation , son pelerinage , son assassinat

ce ne sont que des extrait de son autobiographie c'est dur de choisir les passages ils sont tous interessants !!
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Mar - 0:40

En effet, ayant lu ce livre, je ne saurais personnellement pas quoi choisir !!

HS : Les photos N&B de l'époque étaient vraiment superbes !!!
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Mar - 0:44

Diffamation

Au printemps 1959, quelques mois avant l’affaire Hinton et ses répercussions sur l’opinion de Harlem, un journaliste noir, Louis Lomax, qui habitait alors New-York, me proposa de filmer la Nation de l’Islam pour l’émission télévisée de Mike Wallace, spécialiste des sujets controverses. Je répondis naturellement qu’il fallait solliciter l’autorisation de l’Honorable Elijah Muhammad. Louis Lomax prit donc l’avion pour Chicago, et M. Muhammad donna son accord.

Les cameramen de la télévision filmèrent des scènes de notre vie musulmane, des mosquées de New York, de Chicago et de Washington. On fit des enregistrements sonores : M. Muhammad, moi-même et quelques autres pasteurs en train de dénoncer le diable blanc devant des auditeurs noirs et de leur ouvrir les yeux sur le lavage de cerveau que subissait notre peuple.

A la même époque, un Noir, C. Eric Lincoln, de l’université de Boston, choisit la Nation de l’Islam comme sujet de thèse de doctorat. Lincoln s’intéressait à l’Islam depuis l’année précédente. Il enseignait alors au Clark College d’Atlanta (Georgie), et faisait un cours sur la religion. Un de ses étudiants lui avait présenté une dissertation dont je veux vous citer l’introduction, car Lincoln la reproduisit dans son livre. L’auteur était un des nombreux étudiants noirs qui venait régulièrement au Temple Numéro Quinze d’Atlanta : « Le christianisme est incompatible avec la dignité et l’égalité auxquelles aspirent les Noirs américains. Le christianisme a freine ce qu’il aurait pu développer ; il a éludé les problèmes sur lesquels il était moralement tenu de se prononcer. Il a divise les croyants en fonction de la couleur de leur peau, quoiqu’il ait eu pour mission de faire régner la fraternité universelle sous l’égide du Christ. L’amour chrétien, c’est, chez le blanc, l’amour de soi et de sa race. Pour l’homme de couleur, l’Islam est un avant-goût de la justice et de égalité que nous instaurerons dans une société nouvelle. »

Les Musulmans noirs firent donc l’objet d’une thèse (qui devait par la suite, paraître sous forme de livre) et d’une émission télévisée) : la grande nouvelle fit le tour de la petite Nation et tous les musulmans noirs se réjouirent d’apprendre que bientôt, grâce aux communications de masses de l’homme blanc, nos frères et nos sœurs mystifies, dans tous les coins des Etats-Unis, et les Blancs eux-mêmes, allaient connaître les doctrines de M. Muhammad, tranchantes comme la fameuse épée.

Peu de temps auparavant, j’avais contacte James Hicks, directeur de l’Amsterdam news, hebdomadaire de Harlem. Hicks estimait que toutes les voix de la communauté noire devaient être entendues. J’écrivis donc chaque semaine dans l’Amsterdam news une rubrique « Nation de l’Islam ». Puis M. Muhammad consentit à me remplacer, et je transférai ma chronique au Herald Dispatch de Los Angeles, un autre journal noir.
Mais j’avais envie de fonder un journal propre à la Nation de l’Islam.

En 1959, M. Muhammad m’envoya fonder un temple à Los Angeles. J’en profitai pour rendre visite au Herald Dispatch, et pour travailler à la rédaction. J’appris comment on fait un journal. […]
De retour à New-York, j’achetai un vieil appareil de photo. Dieu sait combien de pellicules j’ai gaspille avant d’obtenir des photos correctes. Je ne manquais jamais une occasion de rédiger de petites nouvelles intéressant la Nation de l’Islam. Une fois par mois, je remettais textes et photos à un imprimeur de ma connaissance. Je baptisai ce journal « Muhammad parle ». Les frères Musulmans le vendaient dans la rue. (Le jour devait arriver ou ce journal que j’avais fonde ne mentionnerait plus jamais mon nom.)

Quoiqu’il en soit, la Nation de l’Islam allait devenir le point de mire du pays. C’est alors que M. Muhammad m’envoya faire une tournée de trois semaines en Afrique. La Nation était alors bien petite, mais des personnes avaient fait savoir à M. Muhammad qu’elles appréciaient ses efforts en faveur du Noir américain. Parfois c’était moi qui relayait ces messages. Je visitai donc l’Egypte, l’Arabie, le Soudan, le Nigeria et le Ghana, en tant qu’émissaire de M. Muhammad.

Aujourd’hui beaucoup de Noirs regrettent que, ce soit par le seul truchement des journaux, de la radio, de la télévision de l’homme blanc que la Nation est devenue un phénomène de dimensions nationales. Je n’en discute pas un instant. Ces gens ont entièrement raison. Mais aucun de nous Musulmans ne pouvait prévoir que les Blancs nous feraient une pareille publicité.

L’émission fut diffusée à la fin de 1959. C’était un montage d’images-choc, intitule « La haine engendre la haine ». On y voyait M. Muhammad, moi-même, et d’autres Musulmans prenant la parole, nos Fruits de l’Islam, hommes forts et résolus, des sœurs musulmanes de tous ages, drapées d’écharpes et de robes blanches, des musulmans prenant leur repas dans nos restaurants, vaquant à leurs affaires, des Musulmans et autres Noirs entrant et sortant de nos mosquées




Le public réagit un peu comme il l’avait fait lorsque Orson Welles terrifia l’Amérique avec un reportage radiophonique sur « L’invasion des Martiens ». Personne cette fois-ci ne se jeta par la fenêtre, mais à New-York l’opinion réagit immédiatement et avec beaucoup de violence. A mon avis le titre « Haine … Haine … » y était pour beaucoup. Des centaines de milliers de New-Yorkais, blancs et noirs, s’exclamaient : « Vous avez vu ? Vous avez bien entendu ? On prêche maintenant la haine du Blanc ! »

Depuis le temps de l’esclavage, le Blanc américain a toujours entretenu quelques Noirs, tries sur le volet, jouissant de situations plus enviables que la masse qui travaille la terre brûlante à la sueur de son front. Le Blanc employait ces noirs privilégiés comme gens de maison. Il leur donnait beaucoup de miettes de sa table, il les laissait même manger dans sa cuisine. […] Le « bon maître » entendait toujours ce qu’il désirait entendre de la bouche de ces Noirs-la. « Vous êtes un bon maître, un excellent maître, m’sieur ! » […]
Eh bien ! les domestiques noirs du temps de l’esclavage existent encore, mais ils sont plus sophistiques maintenant. Quand le maître blanc décroche son téléphone pour les appeler, il n’a même plus besoin de leur donner des instructions : ce sont des marionnettes bien dressées qui ont regarde la télévision, lu les journaux. Ils savent exactement ce qu’ils ont à faire. Je ne donnerai pas de noms. Mais faites une liste des principaux « leaders » ou prétendus tels, en 1960, et vous aurez nomme ceux qui nous attaquent, nous autres « nègres des champs », nous qui sommes assez « fous » pour fustiger le « bon maître ». […] « Ces Musulmans noirs ne représentent absolument pas la masse » « Ce culte de la haine est le fait d’irresponsables », « Une regrettable image des Noirs, au moment précis ou les tensions raciales s’atténuent ». […]

Dans le petit restaurant de notre Temple Numéro Sept le téléphone faillit en tomber du mur. Je tenais le récepteur cinq heures par jour. J’écoutais, je notais dans mon carnet : la presse, la radio, la télévision sollicitaient notre opinion sur l’offensive des « leaders » noirs. Ou encore j’appelais M. Muhammad à Chicago et lui demandais ses instructions.

Je n’arrivais pas à comprendre comment M. Muhammad pouvait garder le calme en entendant ce que je lui répétais. C’est tout juste si je me dominais moi-même. […]

La radio et la télévision me demandèrent de participer à des débats ou je devais défendre la Nation de l’Islam. J’allais être confronté avec des spécialistes et leurs domestiques noirs diplômés, triés sur le volet. […] J’entrai dans leurs studios. Les diables blancs et leurs marionnettes diplômées jouaient le jeu de l’amitié, de l’ « intégration » - ils plaisantaient ensemble et s’appelaient par leurs prénoms. Que de mensonges ! Tout ça me donnait envie de vomir. Même avec moi ils feignaient l’amitié, alors que nous savions tous parfaitement qu’ils étaient la pour m’étriper. Ils m’offraient du café. Je leur disais : « Non merci. Qu’on me dise simplement ou je dois m’asseoir.» […]

Le livre de C. Eric. Lincoln tomba à pic, au beau milieu de la controverse qui faisait rage autour de nous. Les Musulmans organisaient alors leurs premiers meetings de masses. Le livre avait pour titre Les Musulmans noirs en Amérique. La presse se précipita sur lui. Tous les comptes rendus parlèrent des « Musulmans noirs », citant seulement les critiques de C. Eric Lincoln, dont on vantait par ailleurs les mérites.
Ce nom de « Musulmans noirs » déplaisait à tous les membres de la Nation, à commencer par M. Muhammad. Je passai au moins deux ans a essayer de faire oublier cette appellation. Je le répétai, dans chaque interview, dans chaque micro : « Non ! Nous sommes le peuple noir d’Amérique. Notre religion est l’Islam. Nous sommes des musulmans, c’est tout ! » Mais cela ne servit a rien. Le nom de « Musulmans noirs » nous resta.

..........to be continued
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 14:07

salam alaikoum

ne vous inquietez pas je vais mettre la suite

desolé j'ai pas trop eu le temp ces jours ci

UP.
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 14:12

ya pas de soucis, moi même j'avais un peu oublié, on attend avec imaptience la suite! Very Happy
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 14:22

Montée en puissance

Nos grands meetings furent des le départ une réussite spectaculaire. Jadis le petit Temple Numéro Un de Detroit avait été fier d’envoyer une caravane de dix voitures à Chicago, ou M. Muhammad devait parler Maintenant les temples de la cote Est (les anciens et les nouveaux que toute cette publicité nous avait aider à fonder) dépêchaient cent cinquante, deux cents, même trois cent autocars réserves partout ou M. Muhammad devait prendre la parole. […]

J’avais fondé ou organisé la plupart des temples représentés aux meetings. Tout en saluant mes frères pasteurs, je me rappelais l’époque ou ensemble, nous allions à « la pêche » de rue en rue, de porte en porte, de petites réunions en petites réunions de sept personnes tout au plus. Ces « pêches » n’avaient alors rien de miraculeux. Je me souvenais aussi des chaises que nous louions pour nos minables petits temple - magasins que les Musulmans nettoyaient avec acharnement.

Nous retrouver tous ensemble sur l’estrade, devant une mer de visages : cette pêche vraiment miraculeuse ne pouvait être à mon avis qu’une manifestation de l’impénétrable volonté d’Allah. […] John Ali, secrétaire national de la Nation, ou le pasteur Louis X de Boston, prenait alors la parole, ou bien la sœur Tynetta Dynear évoquait admirablement la contribution vitale, capitale, des femmes musulmanes à la Nation. Je prenais ensuite le micro. J’avais pour mission de préparer la salle à entendre M. Muhammad, venu spécialement de Chicago.

Je levai la main : As Salaikoum Salaam,
-Oua Alaikoum Salaam ! (C’était toute la section musulmane qui répondait comme un seul homme.)

Je parlais puis je cédais la place à M. Muhammad qui se dirigeait rapidement vers le micro, toujours flanqué des Fruits de l’Islam, avec, à la main, sa Bible et son Coran. Les Musulmans lui criaient leur amour et lui souhaitaient la bienvenue : « Petit agneau ! » … « As Salaikoum Salaam » … « Allah soit loué »

J’avais les larmes aux yeux, mais je n’étais pas le seul. M. Muhammad m’avait sauvé quand j’étais prisonnier. Il m’avait formé chez lui, dans sa maison, comme un fils. Les plus grandes émotions de ma vie, je les éprouvais au moment ou les Fruits de l’Islam se figeaient, rigides, au garde à vous, et que M. Muhammad montait seul les quelques marches de l’estrade pendant que les pasteurs, moi y compris, nous nous levions pour l’entourer, l’étreindre, lui serrer les deux mains. […]

21 fevrier 1965 - Page 2 I55849_041


-Je n’ai pas de diplôme comme vous qui êtes assis la devant moi, commençait-il. Mais l’histoire se moque bien de vos diplômes.

« L’homme blanc vous a donné la peur. Petits nourrissons noirs, vous aviez déjà peur de lui. La peur est sur vous. De tous les ennemis de l’homme, la peur est la plus redoutable. Je sais que certains d’entre vous ont peur d’apprendre la vérité. Vous avez grandi dans la peur et le mensonge. Mais moi je vais vous dire la vérité jusqu'à ce que vous soyez affranchis de la peur.

« Vos maîtres vous ont amenés ici en esclaves, détruisant tout de votre passé. Vous ne connaissez pas votre propre langue. A quelle tribu appartenez vous ? Vous n’en savez rien ! Vous ignorez tout de votre culture. Vous ne connaissez même pas votre nom de famille. Vous portez des noms blancs. Des noms de vos maîtres qui vous haïssent et vous ont asservis !

« Vous croyez savoir tout ce qu’il y a à savoir sur la Bible, sur le Christianisme. Vous été assez sots pour croire que seul le Christianisme est juste !

« Vous été les seuls sur la planète qui s’ignorent, qui ignorent les leurs, qui ignorent leurs ennemis ! Vous ne savez absolument rien, vous ne savez que ce que vos maîtres ont bien voulu vous faire croire. Et ils ne vous ont dit que ce qui les arrange ! Ils ont prétendu, parce que ça les arrange, que vous étiez des « nègres » paresseux, neutralisés et sans défense.

« Je le dis bien : prétendu, car vous été pas des « nègres ». La race noire n’existe pas. Vous été membres d’une nation asiatique, de la tribu des Shabazz ! L’étiquette « noir » est une fausse étiquette que vous a imposée le maître. Il ne cesse de nous en imposer, à vous, à moi, à nous tous depuis qu’il a débarqué nos premiers congénères dans le premier négrier. »

Quand M. Muhammad reprenait son souffle, les musulmans devant lui s’écriaient : « Petit agneau ! » « Allah soit loué ! » « Apprends-nous, Messager ! » … Et il continuait :

« L’ignorance de notre race, ici en Amérique, la haine que nous nous vouons à nous-même, voila ce que le Blanc a cru devoir nous enseigner. Et faisons-nous preuve d’un élémentaire bon sens, pensons nous à nous unir, comme n’importe quel peuple de la planète ? Non ! Nous nous humilions. Nous supplions l’homme blanc. Nous essayons de nous unir à lui, l’esclavagiste. Je ne conçois pas de spectacle plus grotesque. Tous les jours, et de mille manières, le Blanc vous dit : « Vous n’avez pas le droit de vivre ici, pas le droit d’entrer ici, de manger ici, de boire ici, de marcher ici, de travailler ici, de monter dans cet autobus, de jouer ici, de faire des études ici. » N’est-ce pas la preuve qu’il n’a pas la moindre intention de s’unir à nous ? Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? […] Qu’on nous donne une terre à nous ! … quelque chose qui nous appartienne ! … Laissons l’esclavagiste tout seul …

M. Muhammad s’arrêtait toujours brusquement quand il n’avait plus de voix. Toute la salle debout, l’acclamait. C’était une immense vague de sons, qui semblait ne jamais devoir se briser.

Nous avions déjà organisé plusieurs meetings de masse lorsque M. Muhammad nous donna l’ordre de laisser entrer les journalistes blancs. Les Fruits de l’Islam les fouillaient, comme ils fouillaient tout le monde, ainsi que leurs carnets, leurs appareils de photo.

Par la suite, M. Muhammad devait déclarer que tous les Blancs qui désiraient connaître la vérité pourraient assister aux meetings. Nous avons alors réservé quelques rangées de sièges aux blancs. […]

21 fevrier 1965 - Page 2 I55852_malcomelijah2

On nous surveillait, nos téléphones étaient branchés sur la table d’écoute. Aujourd’hui encore, si je devais parler au téléphone de bombarder L’empire State Building, je vous garantis que ce gratte-ciel serait cerne dans les 5 minutes. Au cours de mes conférences, je distinguais, dans la salle, les têtes du F.B.I et autres agents secrets. La police et le F.B.I ne cessaient de nous rendre visite et nous interrogeaient à tout bout de champ. « Ils ne me font pas peur, disait M. Muhammad, j’ai tout ce qu’il me faut – la vérité.»

[…]

Le marathon de discours finit par épuiser M. Muhammad. Sa bronchite et son asthme s’aggravèrent brusquement. Au milieu d’une conversation, il se mettait à tousser, et son corps si frêle en était tout secoué. Bientôt il dut s’aliter. Il faisait l’impossible pour être fidèle au rendez-vous des grands meetings. Mais à son vif regret il dut annuler plusieurs conférences prévues longtemps à l’avance. Souvent c’est moi qui parlais à sa place, à la grande déception de plusieurs milliers d’auditeurs. […]




La Nation grandissait, dans tous les sens du terme, à l’intérieur comme à l’extérieur. Aussi M. Muhammad résolut-il de se décharger des petites décisions (en cas d’invitation, fallait-il ou non accepter de parler en public, à la radio, à la télévision etc.) et des problèmes administratifs que je lui avais toujours soumis.

M. Muhammad manifesta toute la confiance qu’il avait en moi en me conseillant de prendre moi-même ces décisions. Je devais me fonder sur ce que je croyais sage, sur ce qui servirait le mieux les intérêts de la Nation.

- Frère Malcolm, dit-il, je veux que tu deviennes célèbre. Ainsi moi-même, je deviendrai célèbre. Mais, ajouta-t-il, sache, frère Malcolm, que tu seras hai quand tu seras célèbre. Parce qu’un homme célèbre fait toujours des jaloux.

Il ne m’a rien dit de plus prophétique.

a continuer ...
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El AfRiTe

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 14:28

Icare

Plus je représentais M. Muhammad à la radio, à la télévision, dans les universités, plus mon courrier était abondant. Quatre vingt quinze pour cent des lettres venaient d’auditeurs blancs.
Quelques lettres seulement étaient du genre « Cher nègre X » ; quelques unes seulement me menaçaient de mort. La plupart étaient révélatrices : J’y découvrais les deux terreurs majeures du Blanc. Primo il se persuadait dans son for intérieur, que Dieu, dans sa colère, était en train de détruire sa civilisation. Secundo, il était obsédé par la représentation constante d’un Noir abusant d’un corps de femme blanche. […]

Les « Musulmans noirs » avaient droit presque chaque jour à une nouvelle offensive de la part de la presse. De plus en plus on s’en prenait à quelque chose que j’avais dit, à Malcolm X le « démagogue ». Les attaques virulentes contre M. Muhammad me mettaient en fureur. Celles qui me visaient moi, m’importaient peu. […]

Les journalistes sollicitaient souvent mon opinion sur le progrès accompli en matière de « droits civiques ». Que quelque industrie gigantesque embauche dix noirs pour la galerie, que quelque chaîne de restaurants encaisse davantage en servant aussi les noirs ; qu’un étudiant de première année puisse s’inscrire à une université sudiste sans le secours de baïonnettes – on appelait ça un « progrès ».
-Aaaahh, Monsieur Malcolm X ! Vous n’allez tout de même pas nier que c’est la un grand pas en avant pour votre race !

Chaque fois que j’ouvre la bouche, on me jette à la tête des indices de « progrès » en matière de « droits civiques » ! Vous autres blancs, vous avez l’air d’attendre que le noir crie : Alléluia ! Voila quatre cent-ans que le blanc a enfonce dans le dos du noir un couteau de trente centimètres et maintenant qu’il en retire trois, vous voudriez que le noir soit reconnaissant ? Même si on retirait le couteau tout entier, il resterait toujours une cicatrice !

La presse sudiste boudait généralement toutes mes déclarations. Mais quand je me prononçais sur les Freedom Riders blancs et noirs qui venaient du Nord « manifester » dans le sud, elle me faisait les honneurs de la une. C’est que ces cavaliers-la me paraissaient ridicules. S’ils désiraient nettoyer les écuries d’Augias, il y avait assez de rats et de cafards dans les ghettos du Nord pour les occuper tous. Je déclarai en outre que la ville de New-York, si libérale qu’elle fut, avait plus de mal à intégrer ses noirs que l’Etat du Mississipi.

Si les Freedom Riders du Nord cherchaient de bonnes œuvres à accomplir, ils auraient du commencer par s’occuper des petits enfants des ghettos du nord, qui traînaient dans les rues à minuit avec la clé de leur appartement attachée à une ficelle autour du cou. De ces enfants dont les parents étaient des ivrognes, des toxicomanes, des voleurs ou des prostituées. Ou encore, ils auraient pu donner du travail aux noirs du Nord, les rayer des listes des nécessiteux à secourir. Car le noir qui dépend de l’état pour sa subsistance devient paresseux ; et ainsi la situation, dans le ghetto, se détériore progressivement. C’était la pure vérité que je disais la. Mais à quoi bon ? Des serpents ne se seraient pas retournés plus brusquement contre moi que ces libéraux.

Oui, je vais enlever au libéral l’auréole dont il prend tant de peine à s’entourer. Les libéraux du Nord montrent le sud d’un doigt accusateur depuis si longtemps et avec une telle impunité, qu’ils font des crises de nerfs quand on les démasque pour ce qu’ils sont : les derniers des hypocrites. Ma propre vie n’en est-elle pas la preuve ? Je ne connais rien du Sud. Je suis un produit du Blanc du Nord et de son hypocrisie à l’égard des Noirs.

M. Muhammad ne manquait jamais de rendre hommage aux sudistes. Le sudiste blanc, il est au moins sincère. Quand il voit un Noir, il montre les dents. Il n’hésite pas à lui dire en face que les sudistes n’admettront jamais ce semblant « d’intégration ». Le sudiste va plus loin : il dit au Noir qu’il lui disputera le terrain pied à pied, qu’il ne lui accordera même pas des droits symboliques. L’avantage de la méthode sudiste, c’est que le Noir du Sud ne s’est jamais fait d’illusion sur l’adversaire.

[…]

Il n’y a pas longtemps, on injecta au Noir américain une nouvelle dose d’ « intégrationnisme », avec toutes les conséquences en fait d’affaiblissement, d’avachissement, d’illusions. La « farce sur Washington », comme je l’appelai.
C’était l’idée géniale d’A. Philip Randolph, du syndicat des porteurs des wagons-lits. Il s’agissait de faire marcher les Noirs sur Washington. L’idée était dans l’air depuis une vingtaine d’années au moins. Soudain, spontanément, elle accrocha.

Des Noirs du sud en blue-jeans, des Noirs des petites villes, des noirs des ghettos du Nord, et même des milliers d’anciens Oncles Tom se sont mis à parler de « la Marche ».

L’idée d’une marche a galvanisé les masses noires comme rien n’avait pu le faire depuis Joe Louis. Les Noirs voulaient aller à Washington par n’importe quel moyen – dans de vieux tacots branlants, en cars, en stop, au besoin à pied. Ils voyaient déjà des milliers de frères noirs converger sur Washington – se couchant par terre dans les rues, sur les pistes des aéroports, sur les pelouses gouvernementales – et exiger des actes concrets, en matière de droits civiques, de la part de la Maison Blanche et du Congres.

Leur amertume était à l’échelle de la nation – amertume militante, sans organisation, sans dirigeants. Ce furent les jeunes noirs, surtout, qui jetaient le défi, sans regarder aux conséquences.

Le Blanc avait toutes les raisons de s’inquiéter. La moindre étincelle aurait pu déclencher une insurrection noire. Le gouvernement savait que ces milliers de Noirs en colère, fourmillant dans tous les sens, étaient capables de faire irruption à Washington et de mettre la capitale sens dessus dessous.

La maison blanche s’empressa d’appeler à la rescousse les principaux leaders noirs de la lutte pour les droits civiques. Elle leur demanda d’étouffer dans l’œuf le projet de marche sur Washington. Les leaders répondirent – et était vrai – qu’ils étaient pas à l’origine de ce mouvement et qu’ils ne le contrôlaient pas. C’était une idée nationale, spontanée, non organisée, et non téléguidée. En somme c’était une poudrière noire. Si vous voulez savoir comment l’ « intégration » peut affaiblir le mouvement noir, écoutez bien ce qui suit. C’est une leçon exemplaire.

La Maison Blanche annonça, à grand renfort de publicité internationale, qu’elle « approuvait » et « soutiendrait » la marche. Elle « souhaita la bienvenue » aux marcheurs. Les grandes organisations qui luttaient pour les droits civiques rivalisèrent alors de bienveillance. Et était à qui verserait le plus d’argent. La N.A.A.C.P (National Association for the Advancement of Colored People) se plaignit que d’autres organizations similaires, bénéficiant d’une plus grande publicité, avaient récolté la majeure partie des fonds, pendant qu’elle même y allait de sa poche en payant les cautions et les avocats de divers manifestants incarcérés.

On se serait cru au cinéma. La séquence suivante était consacrée à la réunion de New-York, des « six grands leaders » noirs accompagnes du directeur blanc d’une grande société « philanthropique ».


[Les mêmes leaders à Washington peu avant la marche, de gauche à droite: Whitney Young, Jr. (Urban League); Martin Luther King, Jr. (SCLC); John Lewis (SNCC); Rabbi Joachim Prinz (American Jewish Congress); Dr. Eugene Carson Blake (National Council of Churches); A. Philip Randolph; President Kennedy; Walter Reuther (United Auto Workers); and Vice President Johnson (behind Reuther).]

21 fevrier 1965 - Page 2 I55854_126


Celui-ci leur expliqua que tant de chamailleries pour une question de sous risquaient de discréditer les organisations des « six » aux yeux de l’opinion. Il versa ensuite 800 000 dollars – dit-on – à la direction unifiée des droits civiques que les « six » s’empressèrent de mettre sur pied.

D’où venait donc cette unité soudaine des Noirs ? De l’argent blanc. Quelle en était la contrepartie ? Des conseils. Les « six grands » pouvaient espérer un deuxième versement d’une somme analogue après la Marche … à condition bien sur qu’il n’y eut pas d’ « incidents ».

Les « six grands » furent baptisés « leaders » de la Marche sur Washington, à grands sons de trompe dans le monde entier. La masse noire, proche de l’ébullition, pensa que les leaders renommes étaient décidés à soutenir ses revendications.
On invita ensuite quatre personnalités blanches à se joindre à la marche : un catholique, un juif, un protestant et un leader syndicaliste.
Un thème sous-jacent apparut dans la publicité massive accordée à la Marche : les « dix grands » allaient « superviser » celle-ci, et en contrôler « l’atmosphère ».
Les quatre éminences blanches opinèrent du bonnet.

La nouvelle se répandit parmi les soi-disant « libéraux » catholiques, juifs, protestants, et syndicalistes. Et brusquement, les Blancs qui, la veille encore, appréhendaient tant la Marche, annoncèrent leur participation : ce serait un acte « démocratique ». Leurs déclarations galvanisèrent la « bourgeoisie » noire qui avait commence par déplorer cette initiative de la masse. Mais puisque les Blancs eux-mêmes allaient y participer…

Alors les « intégrationnistes » noirs se bousculèrent pour s’inscrire les premiers. La « marche des Noirs en colère » devenait chic. Comme le Kentucky Derby. « Y avoir été », était une question de rang social.
Vint le grand jour. Les vieux tacots pleins de Noirs poussiéreux, suants et coléreux, n’avaient pas leur place parmi les avions à réaction frétés pour l’occasion, les wagons de chemin de fer et les cars climatisés. Ce qui devait être à l’origine, un raz de marée de colère, devint un « fleuve paisible », comme l’écrivit très justement un journaliste anglais.

Noirs et Blancs se trouvaient « intégrés » comme sel et poivre. Quant aux experts en matière de logistique, ils avaient tout prévu. On précisa aux manifestants qu’il était inutile d’emporter des banderoles : on leur en fournirait. On leur dit de ne chanter qu’une chanson : Nous vaincrons … On leur dit comment arriver, ou, quand, ou se rassembler, d’où se mettre en route, quel itinéraire emprunter. Des stations de secours furent érigées aux points stratégiques. Ainsi les manifestants sauraient même ou s’évanouir.





J’étais la. J’ai été témoin de ce cirque. J’ai vu des insurges en colère entonner harmonieusement Nous vaincrons et Un jour …en avançant, bras-dessus, bras-dessous avec ceux-la même qu’ils étaient censés combattre.
Peut on imaginer pareil spectacle ? Les révoltés en colère, aux pieds nus, et leurs oppresseurs marquaient la mesure ensemble au bord des bassins des jardins publics, dans des parterres de lys, chantaient des hymnes et grattaient leurs guitares en écoutant des discours de bons samaritains.

Oui, peut-on imaginer pareil spectacle, alors que les masses noires d’Amérique vivaient – vivent encore – un cauchemar éveillé ?

Les « révolutionnaires en colère » obéirent à la lettre aux instructions : ils partirent tôt. Ils étaient des milliers et des milliers de marcheurs. Mais le lendemain l’association hôtelière de Washington fit état de grosses pertes financières. Personne ou presque n’avait passé la nuit dans la capitale. Hollywood n’aurait pas mieux réussi.

Peu après, la presse fit un sondage auprès des sénateurs et députés. Aucun de ceux qui s’étaient jadis prononcés contre les droits civiques n’avait change d’avis. On pouvait s’y attendre. Comment un simple pique-nique « intégré » aurait-il pu convertir en un jour les représentants élus d’une population profondément raciste depuis quatre cent ans ? […]

21 fevrier 1965 - Page 2 I55857_hallfig01b

La marche sur Washington a eu un mérite : elle a calmé les noirs pendant un temps. Mais ils devaient bientôt découvrir qu’une fois de plus le blanc les avait « eus ». Alors leur colère éclata à nouveau, plus terrible que jamais. Tout au long du long été brûlant de 1964, on signala, dans différentes villes des Etats-Unis, des « incidents » d’une gravité sans précédent.

Un mois avant la « Farce sur Washington », le New york Times fit un sondage d’opinion auprès des étudiants. Je figurais en deuxième place – après Barry Goldwater ! – sur la liste des « orateurs les plus demandés » dans les universités. […] Un jour je devais prendre la parole au Forum de la Faculté de Droit de Harvard. Je jetai, en passant, un coup d’œil par la fenêtre. J’avais en face de moi l’immeuble qui m’avait servi de « planque » au temps ou j’étais cambrioleur.
Ce fut comme un raz de marée. Les souvenirs de ma dépravation me submergèrent. Apres avoir vécu, pensé en animal !
En me permettant de découvrir l’islam, Allah m’avait tire de la boue. Et maintenant j’allais prendre la parole au Forum de la Faculté de Droit de Harvard !
Je me souvins alors d’une histoire que j’avais lue en prison (ou j’étais féru de mythologie grecque). Icare. Vous vous rappelez cette histoire ? Le père d’Icare confectionna des ailes qu’il colla à la cire. « Ne vole pas trop haut », dit-il à son fils. Icare s’éleva dans le ciel. Il y prit grand plaisir ; si bien qu’il finit par croire qu’il volait par lui-même. Il s’éleva alors plus haut, toujours plus haut, jusqu'à ce que la chaleur du soleil fit fondre la cire. Et Icare piqua au sol.

Devant cette fenêtre de Harvard, je fis serment à Allah de ne jamais oublier que mes ailes, l’Islam me les avait données. Et je ne l’ai pas oublié. Pas un seul instant.
a suivre ....
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Amine Oldtimer

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 14:29

Merci El Afrite, on va se mettre en mode lécture frère!
Toujours là pour essayer d'eveiller les consciences, Allah isahel!
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bess

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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Avr - 22:08

Merci El Afrite
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MessageSujet: Re: 21 fevrier 1965   21 fevrier 1965 - Page 2 Icon_minitime

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